La boîte du pirate qui contenait son internet | PirateBox

Sécurité / Vie Privée 26 déc. 2018

Salut les… m-moussaillons ! Haha… #manqueDeConfianceDansLaVoix

Aujourd’hui je casse les codes et je vais vous parler de « hardware » antonyme de « software » auquel je vous ai habitué avec mes précédents articles.

Pour expliquer rapidement, le « hardware » c’est tout ce qui est physique et palpable sur un ordinateur, et le « software » c’est tout ce qui se passe à l’intérieur de celui-ci grâce au courant électrique dont vous bénéficiez. Ça va ? C’est pas trop technique pour le moment ?

Bon, de quoi qu’on va vraiment parler aujourd’hui alors ?

Eh bien de ce petit appareil appelé la PirateBox et qui, comme son nom ne l’indique pas, n’est pas une box mensuelle remplie de goodies dédiés aux forbans des mers, mais plutôt un petit ordinateur qui permet de discuter et de s’échanger des fichiers anonymement sans être connecté à l’internet.

Alors là je vous vois venir :

« Oh non encore un truc pour protéger sa vie privée et celle des autres tout en échappant à la surveillance de masse et à la publicité ciblée ! Trop naze ! »

Bon euh déjà, je fais ce que je veux, et ensuite j’ai le pouvoir de vous faire dire ce que je veux dans mes articles alors commencez pas.

Bien ! On va commencer avec le petit 1, l’introduction, deux points à la ligne.

Petit 1, l’introduction :

Le site officiel de la PirateBox la définit comme tel :

« La PirateBox est un système DIY hors ligne et anonyme, dédié à la communication et au partage de fichiers, construit avec des logiciels gratuits et des composants peu coûteux. »

En effet, ce dispositif n’est pas disponible à la vente, du moins pas officiellement, et est prévu pour être « fabriqué » par ceux qui souhaitent en posséder une. La documentation (bien que, en anglais) est très bien expliquée et ne nécessite pas des compétences de dingues, elle ne laisse pas non plus de place au hasard ou à de l’improvisation pour cause de manque d’infos.

Elle a été créée à l’origine par David Darts un artiste et enseignant, qui souhaitait partager facilement des fichiers avec les élèves au sein de sa classe, de manière sécurisée. (Parce que bon passer une clé USB parmis 20 élèves c’est quand même super chiant)
Et c’est comme ça qu’a été créé ce dispositif avec l’aide d’autres personnes, pour finalement être activement supporté, développé et testé par des personnes du monde entier.

C’est bien beau de parler de tout ça, mais vous devez vous demander ce que c’est concrètement. Ben j’vais vous l’dire.

Petit 2, ce que c’est concrètement :

Construit à partir d’un petit routeur sans fil ou d’un « mini ordinateur », vous pouvez voir ça comme votre propre internet personnel qui serait situé dans une boîte !

Une fois cette boîte alimentée en électricité, elle va émettre un point wifi auquel tout le monde peut se connecter, qui ne permet pas d’accéder à l’internet mais seulement à la PirateBox.

Ce réseau est totalement coupé de tout, et une fois connecté dessus, seuls ceux qui le sont également sur ce réseau peuvent savoir ce qu’il s’y passe. On peut donc tous dire « Au revoir » aux hackers russes et à la NSA puisque si l’on est pas à portée de la boîte on ne peut pas y accéder. Oui, exactement comme une box internet.

Puis comme c'est un point wifi ouvert, on va avoir une petite notification de notre navigateur (normalement) pour nous diriger vers la page censée nous permettre de nous connecter au wifi. Cela va, à la place, nous faire aller sur la page d'accueil de la box, à savoir http://piratebox.lan. Mais tout est également configuré pour rediriger l'accès à des sites internet vers l'url de la PirateBox, ce qui veut dire que si vous essayez d'accéder à https://facebook.com, vous allez être renvoyé sur http://piratebox.lan, logique puisque c'est la seule chose accessible. On est enfin accueillis par cette interface :

À partir de là, on peut chatter avec les personnes connectées (en choisissant un pseudo, ou non), mettre des fichiers sur la box à disposition des autres (sans savoir qui a mis quoi), et participer au forum intégré.

Ce sont les outils de base d’une PirateBox. Il est possible d’en rajouter, de les modifier et la seule limite sont les compétences techniques. Par exemple, il est possible d’activer un serveur IRC dans la box (depuis un fichier de configuration) afin d’avoir un meilleur environnement de discussion, avec des salons spécifiques, etc. Il faut vouloir un minimum bidouiller quoi.

Et là vous allez vous demander quand est-ce qu’on l’utilise, en gros.

Petit 3, quand est-ce qu’on l’utilise (en gros) :

Eh bien figurez-vous que ce petit routeur déconnecté du monde connecté peut être utile et efficace en plusieurs circonstances !

Puisque c’est un outil qui a la faculté d’être « transportable », une batterie externe branchée dessus vous assure l’accès à vos données stockées à l’intérieur peu importe l’endroit, et sans avoir besoin du câble compatible avec vos appareils ! Un peu comme un sorte de mix entre un disque dur et du stockage en ligne. Ça va également vous permettre d’envoyer des fichiers d’un téléphone vers un ordi (ou inversement), sans avoir besoin de l’internet !

Si vous êtes plutôt du genre à aimer les surprises, baladez-vous avec et laissez les gens mettre des fichiers dessus, dans un café ou dans une convention par exemple. Le site officiel propose même l’idée de (pour les plus artistes d’entre vous) de partager votre musique lors de concerts par exemple, j'adore quand la technologie est utilisée à des fins artistiques !

Personnellement, j’aime bien l’avoir avec moi au cas où, et la brancher au boulot où je peux discuter avec les gens qui sont au courant de son existence via IRC :) En fait, j’aime bien avoir la possibilité d’utiliser les outils qu’elle propose, parce que c’est le seul dispositif que je connais qui fait ça, et pour moi ça fait partie de l’attirail technologique que les techos nomades se doivent de posséder.

Petit 4, la conclusion, enfin :

Je ne sais pas si j’ai bien réussi à vous partager mon engouement pour ce projet sorti de nulle part, mais cet appareil directement inspiré de la culture « hacker », du partage et de l’échange, le tout couplé à la vie privée, représente tout ce qui me plaît dans l’informatique. Cet appareil définit beaucoup de choses qui me sont chères, et je suis absolument fan de ce projet.

Pour moins de 50 € je me suis construit un disque dur sans fil, qui me permet de parler avec des gens et de découvrir tout en faisant découvrir des choses. C’est complètement fou.

C’est ce genre d’initiatives, ce genre de solutions « faites maison » qui font face à un problème personnel qui me font garder espoir dans la technologie et l’informatique, eux qui deviennent de plus en plus dystopiques dans leur ouverture au grand public (quand on fouille un peu je veux dire).

C’est bon ? Je vous ai conquis ? Eh ben allez, c'est votre tour !


PS : Qu’est-ce que vous pensez de cette idée de partitionnement d’articles, avec des parties tout ça ? J’expérimente hein.

PPS : On m'a fait penser à lister le matos que j'ai personnellement utilisé, alors voici :

Et c'est tout :) Si vous avez déjà une alimentation, voulez fabriquer votre boîtier et possédez déjà une carte SD pour mettre le système dessus, ça peut vraiment vous revenir à pas très cher ! Alors foncez ;)

PPPS (oui, déso) : On m'a fait remarquer, à juste titre, qu'il convient plutôt de parler « d'intranet », donc bon voilà. Pardon pour la désinformation...


(Un énorme merci à Geoffrey Dorne pour ses commentaires constructifs, et à son super podcast sur la vie privée et la culture hacker réalisé avec Jérémie Fontana, qui m'inspire tous les jours notamment pour ce genre d'article)